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Sécurité alimentaire mondiale et crises sanitaires, Patrick Caron

Sécurité alimentaire mondiale et crises sanitaires, Patrick Caron

16 décembre 2020, 12h-13h (HE)

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Résumé

Au-delà de la sécurité alimentaire et des crises sanitaires : un monde à reconstruire! 

Nombreuses sont les alertes formulées depuis un demi-siècle, qui pointent les catastrophes vers lesquelles nous nous dirigeons à grande vitesse à l’échelle de la planète. Concrétisant une convergence politique vers la notion de développement durable formulée dans les années 1980 et au centre des sommets planétaires qui ont suivi, l’Agenda 2030 pour le développement durable explicite un projet pour l’humanité. En convoquant un Sommet sur les systèmes alimentaires, le Secrétaire général des Nations Unies positionne ce thème comme levier central pour la mise en œuvre de ce projet global. Nombreux sont en effet ceux qui conviennent aujourd’hui que la manière dont nous produisons, nous échangeons, nous nous approvisionnons et nous nous alimentons est au cœur, bien au-delà de la sécurité alimentaire, des questions de santé, d’environnement, de climat, de justice sociale et de stabilité politique. La convergence à propos des voies et des moyens pour y parvenir fait par contre l’objet de nombreux débats et controverses. 

En imposant une re-territorialisation des processus, la pandémie COVID-19 a renouvelé les termes de ces débats. Il est certes intéressant de constater un engouement pour le territoire, faisant écho aux inacceptables défaillances de marché et d’Etat et à leurs conséquences, en particulier pour la sécurité alimentaire et il convient de se réjouir de ce mouvement. Mais aussi de s’inquiéter de l’effritement des processus de régulation et de solidarité à l’échelle internationale. Il ne faudrait pas en effet oublier les vertus du « global » : l’intérêt en cas de famines localisées, pour réguler les stock et anticiper la volatilité excessive des prix comme l’a illustré la crise de 2008, pour lutter contre les catastrophes naturelles, pour assurer la coopération scientifique.

Le va et vient entre local et global s’est souvent construit en polarisant. Pourtant, plutôt qu’une opposition entre processus locaux et globaux, se pose la question de cohérences à assurer entre transformations opérant à différentes échelles, en raison de leurs interdépendances, en particulier pour faciliter, ne pas bloquer, s’assurer que les effets générés, à distance ou en proximité, ne sont pas en contradiction avec les attendus. La situation invite à concevoir une stratégie politique fondée sur la capacité à tisser de manière itérative des liens entre actions entreprises à différentes échelles.


La crise systémique que la pandémie ne manquera pas de déclencher nous offre une opportunité rare de reconstruire un nouveau monde. Il ne s’agira pas uniquement de récupérer (build back) mais bien de reconstruire (build differently). Deux processus seront essentiels pour entreprendre et conduire cette transformation. Il nous faudra d’abord imaginer de nouvelles règles et processus de régulation pour vivre ensemble à l’échelle de la planète, à commencer par le commerce à repenser en affirmant sa contribution à la production de biens publics. Affirmant ensuite l’importance de la diversité, il nous faudra également mettre en scène (et en politique!) et organiser la coexistence de trajectoires différenciées de transformation pour transcender la polarisation promue par des vendeurs de doutes et de certitudes et accentuée par l’hypermédiatisation actuelle.

Biographie des invités

Patrick Caron
CIRAD, Université de Montpellier, MAK'IT,
Agropolis International, CGIAR

Chercheur au Cirad, Patrick Caron est docteur vétérinaire, titulaire d'un doctorat et d'une HDR en géographie du développement. Spécialiste des dynamiques territoriales, il a été directeur général de la recherche et de la stratégie du Cirad de 2010 à 2016. Actuellement vice-président de l'Université de Montpellier pour les affaires internationales, président d'Agropolis International et directeur de l'institut d'Etudes Avancées MAK'IT. Il a présidé le Groupe d’Experts de Haut Niveau (High Level Panel of Experts - HLPE) du Comité des Nations Unies pour la Sécurité Alimentaire Mondiale de 2015 à 2019. 

Il est membre de l’Académie des Technologies, membre correspondant de l’Académie d’Agriculture et d’Alimentation, membre du Conseil d'Administration du CGIAR et du Groupe scientifique préparant le Sommet 2021 des Nations Unies sur les systèmes alimentaires.


Anne Marie Aubert
Coordonnatrice du Conseil SAM - Système alimentaire montréalais

Anne Marie Aubert est une spécialiste du développement des organisations et des politiques publiques. Elle cumule plus de 15 ans d’expérience en politique fédérale et en mobilisation de citoyens.

Dans son rôle de coordination au sein de Montréal – Métropole en santé, Anne Marie dirige le développement du Conseil SAM, conseil des politiques alimentaires de l’agglomération de Montréal, et offre aux partenaires un accompagnement dans l’élaboration et la réalisation de leurs initiatives.

Madame Aubert propose aux organisations composant le système alimentaire montréalais des lieux d’échange, de partage et de collaboration avec pour objectif l’établissement de stratégies communes d’intervention.


Malek Batal 
CReSP, Faculté de médecine de l’Université de Montréal

Photo Officielle Malek Batal

Malek Batal est chercheur au CReSP pour l’axe 3 - Une seule santé du monde, professeur titulaire de nutrition en santé publique au Département de nutrition de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal (UdeM) et professeur associé au Département de médecine sociale et préventive de l'École de santé publique (ESPUM). Il a obtenu son baccalauréat en nutrition humaine et diététique à l’Université américaine de Beyrouth et sa maitrise en sciences des aliments à la même université. Il a ensuite fait des études doctorales en nutrition humaine à l’Université McGill. Professeur pendant cinq ans à l’Université américaine de Beyrouth puis pendant cinq autres années à l’Université d’Ottawa, il s’est joint à l’UdeM en 2013.

Ses recherches portent sur les déterminants environnementaux, sociaux, économiques et culturels des choix alimentaires et leurs relations avec la santé des individus et de l’écosystème chez plusieurs populations, notamment les Premières Nations au Canada et les Autochtones dans la région des Andes en Équateur. Il assume depuis septembre 2014 la direction de TRANSNUT, le Centre collaborateur de l’Organisation mondiale de la santé sur la transition nutritionnelle et le développement.